top of page

 

   « La France n'a pas de charbon, la France n'a pas de pétrole, la France n'a pas de gaz, la France n'a pas le choix. »

 -Lord Walter Marshall, président de la CEGB, 1986-

 

 

1970-1971: Année de construction de la première centrale nucléaire à Fessenheim en France. Sa construction, décidée à la fin des années 1960 par les présidents Charles de Gaulle qui tient à l’indépendance nationale, puis Georges Pompidou, repose sur la technologie des réacteurs à eau pressurisée. Le nucléaire civil est vu comme une opportunité de développement économique des campagnes et rare son ceux qui s'en inquiète. Au début des années 1970, l'apparition de sensibilités environnementalistes ouvre le débat sur les conséquences de l'utilisation de l'énergie nucléaire.

 

Avril 1971: Première manifestation du mouvement contre le nucléaire civil français, 1500 personnes participent à la première marche sur Fessenheim organisée par le comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin.

 

1974: Le public est largement favorable au nucléaire civil, 73% pour l’utilisation de l’énergie nucléaire civil mais depuis la première manifestation à Fessenheim en 1971, l'opposition croit rapidement parmi la population française; Décision du gouvernement de lancer la construction de 13 centrales de 1000 mégawatts en 1974-1975 avec la volonté de construire 50 centrales de 1000 mégawatts d’ici 1985 (notamment les centrales de Dampierre dans le Loiret, Graveline dans le Nord ou de Flamanville dans la Manche). Cette décision répond à une demande d’EDF étayée par une étude prospective indiquant une très forte croissance de la demande énergétique dont 25 % devrait être couverte par le nucléaire en 1985.

 

Janvier 1975: Première conférence européenne organisée par la Société Européenne d'Énergie Nucléaire. Elle a réuni 3000 participants, représentant plus de 47 pays. Elle promeut le développement scientifique et industriel de l’utilisation de l’énergie nucléaire

 

Février 1975: Protestation de Raymond le Roy, député de Seine-Maritime sur le nucléaire; Lancement par des chercheurs du laboratoire de physique corpusculaire du Collège de France (dont son directeur, le professeur Marcel Froissart ), d’un appel signé par 400 chercheurs d’horizons divers, physiciens, biologistes, agronomes et toxicologues. Ils demandent l’arrêt du programme de développement de l’énergie nucléaire. Ils déclarent que la décision de développer massivement un programme nucléaire est une « décision irréfléchie » notamment parce que « le problème des déchets est traité avec légèreté ». Ils demandent donc à la population de « refuser l’installation des centrales nucléaires tant qu’elle n’aura pas une claire conscience des risques et des conséquences ». 

 

1977: Ouverture de Fessenheim. La centrale est équipée de deux réacteurs d'une puissance installée de 900 MWe chacun. Bien qu’elle produit 1,5% de l'électricité française et la moitié de la production alsacienne, la centrale de Fessenheim est exposée aux risques sismiques. [D’ailleurs,  alors que les réacteurs de Fukushima montés sur un radier en béton armé épais de 8m n’ont pas résisté au séisme majeur du 12 mars 2011, les chances de résistance à un tel séisme pour la centrale de Fessenheim selon le professeur Larochelambert, sont nulles. En effet il explique qu’un séisme détruirait facilement le radier de Fessenheim qui présente actuellement une épaisseur de 1,5 m, soit la plus faible de tous les réacteurs PWR construits en France].

 

1986: Explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl: Il s'agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle, classée au niveau 7, le plus élevé sur l'échelle internationale des événements nucléaires.

  1. Les dégâts orchestrés

 

            Selon le rapport TORCH, l'explosion libère des débris du bâtiment et du réacteur jusqu’à 7 à 9 km d'altitude. Près de 30% du combustible du réacteur s'échappe dans les environs immédiats de la centrale. Environ 50 tonnes de gaz radioactif sont éjectés dans l'atmosphère, l'équivalent de 200 fois les retombées radioactives de Hiroshima et Nagasaki. En quelques semaines, le nuage radioactif recouvre une superficie évaluée à 3.9 millions de km^2, soit environ 40% de la superficie de l'Europe.

 

 

      2. Un lourd bilan

 

            Le « Forum Tchernobyl », initiative des Nations Unies sous l’égide de l’AIEA et de l’OMS, estime le nombre total de décès en raison des irradiations de Tchernobyl à environ 4 000 à terme.

Un message du Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, déclare que 9 millions d'adultes et plus de 2 millions d'enfants, souffrent des conséquences de Tchernobyl, et que la tragédie ne fait que commencer. "Un nombre qui ne fait qu'augmenter", selon Martin Griffiths, Directeur du département des affaires humanitaires des Nations Unies ( Conférence OMS 1995 ).

 

 

    3. Une population en danger

 

         Ces victimes souffrent de maux liés aux radiations: leucémies, cancers du côlon, du poumon, de la vessie, du rein, de la thyroïde, du sein...
Et surtout, l'irradiation aggrave la morbidité ( incidence des maladies ): maladies du coeur et des vaisseaux (dans des régions contaminées jusqu'à 80% des enfants souffrent de symptômes cardiaques), maladies du foie, des reins, de la glande thyroïde, altérations du système immunitaire, arrêt du développement mental chez des enfants exposés in utero, mutations génétiques, malformations congénitales, malformations du système nerveux, hydrocéphalies, etc.

 

 

    4. La réaction en France et en Europe

 

            En France les pouvoirs publics s'efforcent de minimiser l'impact de la catastrophe, incitant les médias à résumer que le « nuage radioactif » libéré par l'explosion s'est « arrêté à la frontière ». Alors que des mesures anormales de radioactivité sont relevées sur les sites du CEA et les centrales nucléaires d'EDF dès le 28 avril, le SCPRI n'admet que le panache de particules a bien atteint la France que le 1er mai et ne publie la première carte de contamination des sols que le 10 mai. L’opacité des autorités affecte l'opinion publique et entraîne une renaissance du mouvement antinucléaire et la création d'organismes associatifs de contrôle indépendants de la radioactivité que (CRIIRAD et l'ACRO). Mais les dégâts de l'accident minimisés, n'entraîne pas de remise en question de la politique énergétique.

En Europe, Tchernobyl altère durablement l'image du nucléaire et les programmes nationaux en subissent le contrecoup. La plupart des projets de construction de nouvelles centrales sont stoppés, seuls les programmes engagés sont menés à leur terme. L'Italie décide de sortir du nucléaire, et il s’en suivra de nombreux pays.

 

11 Mars 2011: Explosion de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon après le passage d’un séisme et d’un tsunami. Il s'agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXIe siècle, classée au niveau 7, le plus élevé sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES ), au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl.

Plus de 200 000 personnes furent évacuées de la préfecture de Fukushima dans des camps de fortune, où vivent encore quelque 100 000 d’entre elles. Depuis le début, des millions de gens ont été exposés à une augmentation des doses de radiation, principalement dans les zones de fortes retombées radioactives.

 

Certaines pathologies associées à l'évènement et les souffrances psychosociologiques ont provoqués jusqu'à aujourd'hui le décès indirect de 1656 personnes, dont l'origine nucléaire est officiellement reconnue par les autorités. La province de Fukushima présente donc la particularité de constater plus de morts par la radioactivité que par le tsunami. Dans les provinces voisines d'Iwate et de Migayi, les décès indirects de l'atome s'élèvent respectivement à 434 et 879 décès.

 

15 octobre 2011: En France, journée nationale d’action pour la sortie du nucléaire. Des manifestations dans le but de protester contre le nucléaire ont lieu dans de nombreuses villes en France, alors que le Japon exsangue de sa catastrophe nucléaire, présente au jour le jour, les symptômes de Tchernobyl. Les associations tels que le Réseau sortir du nucléaire qui militent pour la sortie du nucléaire appellent à une manifestation nationale de protestation du maintien et du développement de cette technologie très dangereuse que l’homme est incapable de maîtriser: Le nucléaire.

 

2012-2016: En écho aux dernières catastrophes (Tchernobyl et Fukushima), la sortie du nucléaire s'accélère pour de nombreux pays tels que la Suisse, l’Allemagne, Corée du Sud. En effet, ils envisagent pour certains, et pour d’autres s'apprêtent, à sortir du nucléaire. Ce qui n’est pas le cas de la France où ce sujet fait controverse. Ségolène Royal, qui est à ce moment ministre de l’écologie, nous informe suite à une conférence, d’une part, qu’elle prévoit la fermeture de Fessenheim dans les années à venir, d’autres parts, elle s’engage à réduire la part du nucléaire de 75% à 50% par la loi de la transition énergétique. Cependant, Mme Royal exprime très clairement le fait  que la France ne sortira pas du nucléaire.

 

2017: Fermeture de Fessenheim, la doyenne des centrales, pour maintenance. Son démantèlement est prévu pour les années à venir( ~2018 ).

Un nouveau réacteur nucléaire EPR va être construit en Basse-Normandie. Beaucoup de citoyens français s'y opposent et souhaitent sortir du nucléaire. Le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, souhaite fermer d’ici l’horizon 2025, 17 réacteurs nucléaires.

 

14 Octobre 2017 : Greenpeace organise des « actions de sensibilisation du publique » dans plusieurs villes dont Paris (gare Saint-Lazare), Lyon, Bordeaux, Lille, Rennes ou encore Strasbourg. Ils ont pour objectif de « dénoncer la sécurité des centrales nucléaires, qu'ils jugent extrêmement vulnérables aux attaques extérieures ».

 

28 Novembre 2017: Dans le but de protester contre le nucléaire en démontrant que l’organisation des centrales manquent de sécurité: en Ardèche, de nombreux militants de Greenpeace s'introduisent dans la centrale de Cruas-Meysse, certains se sont suspendus à un des bâtiments, selon l’ONG de défense de l’environnement. Par cette action, ils veulent pointer du doigt les failles de sécurité des piscines d’entreposage du combustible usé qui sont conçues comme des bâtiments classiques avec une faible résistance. Selon Yannick Rousselet, militant chargé de la campagne contre le nucléaire,  « il suffirait de faire un trou pour avoir un feu de combustibles ».

 

03 Mars 2018: Suite au projet d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse), des affrontements ont eu lieu entre opposants au projet et force de l'ordre. Il se trouve en effet que le bois Lejuc a été retenu par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y procéder à des forages exploratoires avant de déposer une demande d'autorisation formelle de création du site de stockage des déchets nucléaires.

Chronologie

bottom of page